Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a présenté ce jeudi 25 avril, la stratégie de transformation du système de santé au travers de 5 grandes orientations :
- La gouvernance du numérique en santé,
- Intensifier la sécurité et l’interopérabilité des systèmes d’information en santé,
- Accélérer le déploiement des services numériques socles,
- Déployer au niveau national des plateformes numériques de santé,
- Soutenir l’innovation et favoriser l’engagement des acteurs.
Ces grandes orientations seront déclinées en 26 actions, comme la Carte Vitale dématérialisée, le déploiement du dossier médical partagé (DMP) ou de la télémédecine.
La ministre souhaite également dématérialiser les ordonnances, et notamment les prescriptions de médicaments dès 2019. Les autres ordonnances (actes infirmiers, kinés et analyses biologiques) suivront les années suivantes. Le but de cette e-prescription est de sécuriser la transmission des documents de santé et de favoriser la coordination entre les professionnels.
Mais la grande nouveauté, c’est l’arrivée d’une application mobile “Carte Vitale” d’ici la fin de l’année 2019 et dont la généralisation est prévue pour 2021. Elle permettra d’obtenir les mêmes services que la carte physique, mais en format dématérialisé. Elle est destinée à devenir l’outil d’identification et d’authentification dans le système de santé en France.
Mise au point par l’assurance-maladie et le GIE Sesam-Vitale (spécialisée dans les technologies de l’information) et avec près d’un an de retard, l’expérimentation devrait débuter au troisième trimestre 2019. Sans doute pendant 1 an dans les départements du Rhône et des Alpes-Maritimes.
Quels sont les avantages de cette dématérialisation ?
- Faciliter le remplissage d’un grand nombre de documents administratifs,
- Automatiser les mises à jour, sans avoir besoin de se connecter à une borne,
- Limiter les oublis,
- Accéder à différents services, comme son compte Ameli et ses services associés,
- Obtenir des remboursements rapides des frais médicaux,
- Accéder à son dossier médical partagé,
- La réduction des fraudes à la Carte Vitale. L’application devrait en effet être impossible à utiliser par une autre personne que le titulaire.
Grâce à cette application, vous pourrez présenter votre Carte Vitale chez les professionnels de santé, essayer l’e-prescription et la télémédecine avec le suivi des données de santé à distance. Les ordonnances pourraient devenir des e-mails nominatifs envoyés directement à la pharmacie préalablement choisie par le patient. Cette évolution pourrait permettre une meilleure gestion des stocks de médicaments.
D’importants changements pour les assurés séniors
Si ce changement n’aura pas d’impact pour la plupart des assurés qui utilisent leurs smartphones tous les jours, le risque est plus grand pour les générations les plus expérimentées. Ces personnes ont connu le remplissage et l’envoi des feuilles de soins manuscrites après chaque intervention pour leurs remboursements par l’assurance-maladie et leurs mutuelles santés. Les passages à la Carte Vitale et à la télétransmission furent d’importantes avancées en matière de santé.
Ces assurés ont encore du mal à s’adapter au numérique ou ne souhaitent simplement pas s’y mettre. En effet, 11 % des Français résistent encore à l’utilisation d’internet et parmi eux, 39 % trouvent que c’est trop compliqué à utiliser. Mais cela ne s’arrête pas là, 36 % des utilisateurs habitués d’internet s’inquiètent de cette dématérialisation généralisée des démarches administratives.
Enfin, peu de formations existent pour accompagner les personnes en difficulté sur l’utilisation d’internet. Les médiathèques, les maisons de services au public et les espaces publics numériques ne sont que peu connus du grand public. Il est envisageable qu’en plus de ces nouveaux outils, l’Etat développe et améliore l’accès à ces apprentissages pour limiter l’accroissement de la fracture numérique. Il faut cependant considérer que les bureaux physiques de gestion et les formats papiers continueront d’exister pour ceux qui ne possèdent pas de smartphones ou d’ordinateur.
Sources : solidarites-sante.gouv.fr / baromètre de l’ARCEP-CREDOC (décembre 2018)